Tout savoir sur le design vintage scandinave

 

Galerie Møbler ne propose que d’authentiques meubles du design scandinave. Cela signifie que toutes ces pièces originales ont reçu l’autorisation du designer avec sa signature ou bénéficient d’une spécification d’origine (datation possible, atelier ou manufacture).
    
Les versions contrefaites des icones du design scandinave ou les copies bon marché sont parfois tentantes par leur prix plus abordable, mais leur qualité, leur singularité, pas plus que leur longévité, de génération en génération, ne sont garanties.

 

L’authenticité des pièces

Elle est conférée par :

  • Par le label du « DANISH FURNITUREMAKERS’ QUALITY CONTROL » (pour le meubles danois, d’après 1959), qui est apposé à l’arrière du meuble, au dessous ou dans un tiroir. Il peut être étiqueté, tamponné à l’encre, marqué à chaud, imprimé sur l’étiquette du fabricant, ou pour les meubles les plus anciens, et principalement les sièges, incrusté dans le bois sous forme de pastille.

Tampons de certification de meuble danois

  • Le nom ou les initiales du fabricant ou de la manufacture. Il est le plus souvent marqué à chaud, mais peut aussi être tamponné à l’encre, étiqueté, ou apposé sous forme de pastille incrustée dans le bois.

Différentes marques de manufactures ou fabricants scandinaves

  • Le nom ou la signature du designer. Il peut être marqué à chaud, poinçonné au marteau, étiqueté à côté du nom du fabricant, ou sur la pastille du fabricant. Un numéro de série peut aussi être gravé sur la pastille ou poinçonné au marteau.

Exemples de marques d'authenticité de designers scandinaves

  • Quand un meuble n’est pas labellisé, ce sont les matières utilisées et les finitions qui attesteront  de son histoire et de son époque de fabrication

Exemples d'angles de table scandinaves

L’état du mobilier scandinave vintage

A l’évidence  une pièce originale vintage conserve les traces de son passé  qui témoignent  de son histoire et de son unicité.  Galerie Møbler accorde une attention particulière à ne proposer  que des pièces dans le plus bel état possible et fait appel aux artisans danois spécialisés pour des restaurations de qualité. Pour éviter toute surprise, nous nous engageons à la plus grande des transparences dans la présentation de la  collection  avec des descriptions détaillées  et des photos ( gros plans ) des traces éventuelles ou marques d’usage ou de réparations.

 

La valeur des pièces vintage

Il n’y a pas de règles de prix pour les meubles vintage : Les prix sont très variables, parfois plus élevés que des meubles neufs réédités, parfois beaucoup plus abordables. Galerie møbler a tenu à préserver une  approche de  chineur dans ses paramètres de prix : la rareté et l’originalité de la pièce, la qualité  de son état ou de sa restauration, la beauté de la pièce et bien sûr, sa réputation.

 

La disponibilité des pièces du design scandinave vintage

Galerie Møbler est tributaire du marché du design vintage très tendance pour les meubles d’occasion du design scandinave de la deuxième moitié du 20ème siècle. Face à cet engouement sans précédent, lisible sur tous les continents, Galerie Møbler s’efforce de proposer la collection la plus étendue possible. Tous les produits ne sont pas disponibles en permanence mais Galerie Møbler renouvelle et alimente continuellement sa sélection (indiquée par la rubrique nouveautés, en page d’accueil.

Si vous le souhaitez, vous pouvez nous adresser une demande particulière qui donnerait lieu à une recherche particulière. Si un produit conforme se révélait, vous en seriez aussitôt informé et il serait mis de côté à votre intention. Créer une alerte.

 

Les matières utilisées dans le design scandinave du 20 ème siècle

Le design scandinave s’est particulièrement  distingué par l’extrême attention accordée à la sélection des matériaux. Les designers  les plus influents se sont focalisés sur leurs  fonctionnalités au-delà de leur simple valeur esthétique. Au service du développement  de nouvelles formes et de la création, les matériaux du mobilier scandinave sont souvent clés pour donner cette élégance naturelle, cette sobriété et cette pureté des lignes.

 

  • Une constante des designers les plus  emblématiques de cette époque est leur double cursus d’architecte et même d’ingénieur, comme Verner Panton, qui nourrit et imprègne leur métier de designer avec la maitrise des qualités intrinsèques des matériaux. Autre trait commun, le design scandinave de la deuxième moitié du 20 ème siécle est souvent le fruit d’une étroite collaboration entre l’ artiste-créateur  (le designer ) et l’artisan –réalisateur (les maitres ébénistes).
    Nanna Ditzel avec sa formation d’ ébéniste ou Finn Juhl, ont concrétisé les nouvelles fonctionnalités  du mobilier, avec leur maitrise hors pair des tensions et des forces des différents bois, et leur capacité structurante.
  • L’inscription de ce design dans une dimension sociale avec pour objectif  une production industrielle a également  influencé  le choix de matériaux se prêtant à une fabrication en série.
    De là est issu ce design à la portée de tous illustré par le slogan  « le  beau au quotidien ».
    Certains designers emblématiques se sont inspirés aussi des avancées  technologiques sur les matières plastiques pour libérer leur créativité et  développer des formes avant-gardistes et futuristes.

 

Les matières Naturelles

Le bois avec toute sa  palette d’essences lumineuses est le matériau incontournable du design scandinave de cette époque, témoin de la relation privilégiée que les pays du nord entretiennent avec l’environnement. Il est souvent associé à des matériaux d’origine  naturelle (cuir –verre –pierre)

Les bois les plus couramment utilisés, en placage ou en massif,  sont des bois nobles comme le chêne et le hêtre mais également des bois exotiques comme le teck au grain serré facile à travailler  permettant une finition très lisse  ou  l’acajou  bois précieux avec son coloris si particulier. Enfin les plus belles pièces sont réalisées en palissandre de Rio, (ou bois de rose), bois aux qualités mécaniques exceptionnelles, devenu rare  aujourd’hui depuis son interdiction totale d’exploitation pour tous les spécimens coupés après 1992.

Aspect (texture) bois : palissandre de RioAspect (texture) bois : teckAspect (texture) bois : chêneAspect (texture) bois : hêtreAspect (texture) bois : acajou

Les essences utilisées pour la fabrication des tiroirs est généralement du bouleau, ou du pin. Le sycomore se trouve principalement dans le placage intérieurs des secrétaire ou  cabinets.

Aspect (texture) bois : bouleauAspect (texture) bois : sycomoreAspect (texture) bois : pin

Le bois se décline également  sous forme multipli de chêne ou de hêtre, de contreplaqué laminé au service de courbes ou d’ondulations innovantes  ou pour réaliser des pièces révolutionnaires d’un seul tenant.

Les matériaux naturels associés aux bois sont bien sûr les cuirs (qui dissocient l’assise du  portant pour les fauteuils et les canapés ) mais également  de beaux tissus conçus souvent  par les meilleures manufactures de tissus d’ameublement comme Kvadrat ou Gabriel

Tissues Kvadrat

Enfin les designers ont vraiment pioché dans un éventail large de matériaux naturels allant du simple osier pour les boites à couture  ou plus noble comme la céramique ou le marbre de Carrare pour les célèbres tables  tulipe de Eero Saarinen.

 

Les matières métalliques

L’acier est incontestablement le matériau de prédilection pour les designers les plus iconiques  comme Arne Jacobsen ou Poul Kjaerholm appréciant sa rigueur et sa simplicité, permettant des mobiliers tubulaires faits d’une seule pièce.
Décliné en chromé, laqué ou argenté, le design scandinave a incontestablement donné ses lettres de noblesse à ce métal haut de gamme.
L’aluminium a été largement décliné par Poul Henningsen  pour ses fameuses lampes PH  fabriquées par Louis Poulsen.

 

Les matières techniques  et synthétiques

Grace à l’utilisation des matières techniques et synthétiques, le design scandinave s’est remarquablement libéré des contingences physiques traditionnelles en terme de portance et de formes : Pionnier dans l’usage de plastiques moulés par injection, de coques en  résine, de mousse de polyuréthane, de skaï et de mélamine, le design scandinave est le premier à s’engager autant dans la modernité, avec à la clé une nouvelle praticité et un confort révolutionnaire inspirant durablement le design moderne  : mobilier empilable d’une extrême légèreté, multifonction, avec un encombrement optimisé, tout est pensé et conçu pour s’adapter à la vie moderne.
Ce design est également novateur avec l’apparition pour la première fois de  la couleur dans le mobilier, avec des coloramas illimités de couleurs vives.

 

Le palissandre de Rio, par Christian Darabos, marchand danois

Le palissandre de Rio est un palissandre spécifique nommé Dalbergia nigra ou Jacarunda. Il vient de la jungle brésilienne, en particulier près de la ville de Rio de Janerio, ce pourquoi il est appelé ainsi nommé.

Il existe d'autres types de palissandre, provenant d'autres endroits du monde mais aucun n’égale la qualité du palissandre de Rio.

Le palissandre de Rio produit un bois très dur et lourd, très varié en couleur allant du brique rouge à diverses nuances de brun (moyen à presque noir). Les morceaux qui présentent des veines de coloration noire appelées toiles d'araignées sont particulièrement prisées.

Pour se développer, le palissandre de Rio a besoin de forêts très humides d’un sols riche que l’on trouve seulement dans les forêts de la côte atlantique du sud-est du Brésil, du sud de Bahia à Minas Gerais et à Rio de Janeiro.

Utilisé depuis des siècles pour faire des instruments de musique et considéré comme le meilleur bois disponible, les architecte danois du milieu du 20e siècle comme Arne Vodder, Niels Ole MøllerOle Wanscher, Peder Moos et aussi Johannes Andersen ont commencé à l’utiliser pour le mobilier.

Une telle exploitation du palissandre de Rio a mené à ce qu'il soit sur la liste des espèces en voie de disparition.

Depuis 1992, il est totalement interdit d’utiliser le palissandre de Rio pour la fabrication de meubles et il ne peut plus être exportée, à l'exception des meubles anciens et des billes de bois coupées avant 1992.

A partir de 1970, les prix du palissandre de Rio se mettent à grimper et la qualité à baisser. Les fabricants danois se tournent alors vers le palissandre du Honduras ou d’Asie de l'Ouest qui présente des motifs similaires, mais avec une qualité bien inférieure. Ce palissandre est souvent teinté pour ressembler au palissandre de Rio.

Il va sans dire, et nous, en tant qu’antiquaire (même au Danemark), nous avons constaté qu'il était de plus en plus difficile de trouver des meubles de bonne qualité en palissandre de Rio.

Le grain et la structure de ce bois particulier sont magnifiques de par les veines noires qui varient d'un morceau de bois à l'autre et font de chaque meuble une pièce unique.

Et enfin, il existe une forte demande internationale aux États-Unis et en Asie, provoquant ainsi une importante hausse des prix qui devrait continuer du fait de la rareté des belles pièces de design danois en palissandre de Rio, tout comme nous avons vu une augmentation incroyable des prix pour les grands crus de Bordeaux et de Bourgogne au cours des deux dernières décennies.


Le design danois, par Charlotte & Peter Fiell

Bien que limité en territoire comme en population, le Danemark a néanmoins exercé à deux reprises un rayonnement culturel majeur sur le reste du monde. Il y a mille ans, les Danois, ainsi que d’autres Scandinaves, ont dominé une vaste partie de l’Europe, à l’époque où les Vikings se lançaient en expéditions pour piller, faire du commerce et fonder des colonies. Au milieu du XXème siècle, le Danemark est devenu une référence esthétique incontournable pour une grande partie de l’Occident, lorsque le modernisme de son design s’est imposé sur la scène internationale. Mais si, en tant que nation maritime entretenant des relations commerciales séculaires avec l’Europe du Nord et de l’Ouest, les Etats-Unis et l’Extrême-Orient, le pays a toujours su exporté des éléments de sa culture, il s’est tout aussi constamment montré réceptif aux idées nouvelles et aux impulsions venues de l’étranger. De l’âge des vikings à aujourd’hui, l’évolution des arts appliqués et décoratifs au Danemark doit beaucoup aux talents spécifiques des créateurs danois, qui ont su emprunter à des sources étrangères des modèles fonctionnels et esthétiques, puis les repenser avec un grand savoir-faire en les adaptant à la rudesse des conditions « nordiques ».

Petit pays, grande envergure

L’esthétique de la contrainte

La tradition artistique qui fait la renommée du Danemark est née des contraintes de la pauvreté et du manque de matières premières mais aussi d’un sens aigu de la nature. Au cours des siècles les danois ont perfectionné leur maîtrise des ressources naturelles dont ils pouvaient disposer – la pierre, l’argile, le cuir ou le bois. Dans le bâtiment et l’artisanat les restrictions économiques les ont contraint à privilégier l’utilitaire et le durable par rapport au décoratif, d’où la simplicité, l’honnêteté et le respect de la fonction qui vont constituer les traits distinctifs du design danois.

Une tradition d’artisanat

Jusqu’aux années 1950, le Danemark est un pays peu industrialisé dont l’économie repose essentiellement sur l’agriculture et l’artisanat. La production artisanale se maintient donc bien plus longtemps qu’ailleurs en Europe, mais après la Seconde Guerre Mondiale, quand le pays engage la modernisation de ses industries, le talent artisanal ancestral et l’exigence de la qualité se transposent sur le design et la production industrielle.

Cette tradition artisanale danoise, très axée sur la fabrication d’outils, se caractérise par sa prédilection pour les formes organiques et son goût pour qualités fonctionnelles et esthétiques des objets. Il n’est donc pas surprenant que les objets d’arts japonais et les meubles des Shakers américains, avec leur qualité essentielles, presque spirituelles aient été une grande source d’inspiration pour nombre de stylistes danois du XXème siècle. Des expériences d’Alex Salto sur la forme et l’émaillage de céramiques de style oriental aux meubles extraordinairement raffinés de Hans Wegner et Borge Mogensen, la quête de l’essentiel ou de « la forme idéale » marque profondément le design danois.

La quête de l’essentiel

Le design danois commence à se développer vers la fin du XVIIIème siècle quand, par suite de l’industrialisation (limitée) du pays, le processus de fabrication passe d’une opération menée du début à la fin par un seul individu à une série de tâches compartimentées, exécutées par plusieurs personnes. Cette division du travail entraîne l’émergence d’une nouvelle profession, le design. Avec la création de Royal Copenhagen, la Manufacture royale de porcelaine de Copenhague, en 1775, les tout premiers stylistes danois font leur entrée dans l’industrie. Se consacrant aux produits domestiques les plus raffinés, ces « artistes » industriels favorisent d’abord le rococo, alors à la mode, qui se voit supplanté, au début du XIXème siècle, par le néoclassicisme. Bien que fortement influencés par ce qui se fait en France et en Allemagne, les objets néoclassiques danois se distinguent par leur simplicité formelle et un utilitarisme presque bourgeois. Comme l’a noté Gustav Friedrich Hetsch (1788 – 1864), l’architecte styliste responsable de l’introduction du style Empire à la Royale Copenhagen vers 1820, « l’objectif de tout ce qui participe à la conception intérieure et l’architecture, petit ou grand, doit être de répondre à sa destination avec deux conditions principales : un usage facile et une parfaite adaptabilité… La beauté doit toujours dépendre de l’utilité car sinon nulle satisfaction ne saura en dériver, ni pour l’œil ni pour l’esprit. »

La science des matériaux

Ce souci de l’objet fonctionnel et adapté, mais néanmoins attrayant, qui fait passer l’utilisateur avant tout, s’est imposé comme la marque essentielle du design danois. Vers 1860, le néoclassicisme est supplanté par le style romantique, dont l’inspiration puise à des sources éclectiques. Arnold Krog représente tout à fait ce changement de cap, lorsqu’il adopte des motifs japonais pour la décoration de ses céramiques, de même que Georg Jensen, qui crée des bijoux et de l’orfèvre en argent s’inspirant de l’esthétique Arts & Crafts née en Angleterre. Dans tous ces objets se retrouvent un rejet du classicisme historiciste et une attention particulière aux détails les plus raffinés, lesquels tirent parti, et avec jubilation, des propriétés intrinsèques des matériaux. La science des matériaux, si typique du design danois, est le fruit d’une riche tradition artisanale, souvent transmise de génération en génération par des ateliers familiaux spécialisés ou par les corporations. A partir du XIXème siècle, la qualité des produits danois, en particulier quant au traitement des matériaux, doit aussi beaucoup à l’œuvre d’un certain nombre de stylistes-artistes inspirés qui surent sceller avec pertinence l’entente entre créateurs et fabricants. Ce sont surtout ces pionniers qui parviennent à établir les standards moraux et qualificatifs qui expliquent, jusqu’à nos jours, le succès du design danois.

Un modernisme humaniste

L’originale recherche anthropométrique (relevé et comparaisons systématiques des mesures du corps humain) entreprise pendant les années 1920 et 1930 par Kaare Klint a également un immense impact sur l’évolution du design par ses études détaillées des proportions anatomiques, Klint fait non seulement renaître les idéaux pratiques du néoclassicisme, mais il détermine aussi une approche centrée sur l’homme qui constitue le socle sur lequel va se développer le modernisme danois. En concevant un système de mesures à partir de proportions humaines vérifiées puis en appliquant ces données à la conception de meubles, Klint cherche à trouver des solutions idéales et intemporelles. Dans leur poursuite de l’essentiel, Klint et ses élèves étudient également les dimensions de divers types de meubles particulièrement prisés. Les informations qui en résultent, combinées avec ses données anthropométriques l’amène à une série d’interprétations de nombreux précédents historiques, tels ses sièges Safari et Deck (1933). A l’exception d’un siège conçu pour l’église du Grundtvig Memorial à Copenhague, les meubles de Klint ne sont jamais fabriqués industriellement, mais au contraire selon des techniques éprouvées de longues date (...)

Vers un design social

L’entre-deux-guerres voit d’autres créateurs, comme Poul Henningsen, favoriser une approche plus industrielle du design propre à mieux répondre aux besoins sociaux de l’époque. Dans la célèbre Kritisk Revy (Revue critique) qu’il dirige, Henningsen trace les grandes lignes d’une nouvelle objectivité du design. Il veut « promouvoir l’architecture (et le design) dans le sillage des plus brillantes avancées sociales, économiques et technologiques de la culture moderne ». La revue fustige l’esthétique dépassée du modèle néoclassique, toujours en faveur chez nombre de fabricants, mais aussi la Bauhaus et son approche moderniste qui tourne radicalement le dos au passé pour aller chercher son inspiration dans les avant-gardes artistiques peu en phase avec la vie ordinaire (de De Stjil au constructivisme russe). Henningsen et des stylistes comme Kay Bojesen insistent au contraire sur la nécessité de concevoir des objets quotidiens à la fois rigoureux et conviviaux, par exemple les sobres couverts Bestik créés par Bojesen pour Raadvad (1938). (…)

La renommée internationale

La génération suivante, et notamment les deux figurent marquantes que sont Borge Mogensen et Hans Wegner, reprend le principe des formes idéales défini par Kaare Klint et revisite dans cet esprit divers types de meubles d’inspiration locale. Le siège Shaker de Mogensen (1944) et les sièges Peacock et Chinese chair de Wegner (1947 et 1943) sont représentatifs de cette approche originale. En étudiant l’essence des meilleures réalisations passées et les actualisant par un langage moderne, le design danois a su proposer une forme moins doctrinale et plus accessible du modernisme. Ses lignes douces évoquent une aimable aisance et une domesticité douillette. Dans les années 1950 et 1960, elles auront les faveurs aussi bien des arbitres du bon goût que des ménagères en Europe comme aux Etats-Unis. Après la guerre, les danois se lancent dans la fabrication en série de meubles et autres biens domestiques, en tenant compte de deux paramètres essentiels : la diminution de la taille des appartements et le coût, qui doit être à la portée des classes moyennes. Avec ses produits de qualité fabriqués en usine, le modernisme danois est le porte-drapeau d’un « bon design » qui va devenir synonyme de « bon goût ». Cette spécificité est confirmée par plusieurs expositions décisives qui ont lieu en Amérique et en Grande-Bretagne. Ainsi à partir des années 1950, le « made in Danemark » est l’objet d’un véritable engouement dans le monde entier.

Le "style teck"

Mais les créateurs n’auraient pu répondre à la demande s’ils n’avaient disposé des stocks de teck importés des Philippines au début des années 1950. Ce bois avait été massivement abattu pendant la Seconde Guerre Mondiale lors d’opérations militaires de percement de routes. En conséquence, il était disponible en quantité et à des prix abordables. Ce bois dur, de qualité supérieure et très apprécié, est si largement mis à contribution par des créateurs de meubles comme Finn Juhl, Hans Wegner ou Peter Hvidt, qu’il fera naître l’expression « Teak style». La mode teck déborde aussi sur toutes sortes d’article pour la maison, notamment le seau à glace de Jen Quistgaard et le saladier avec couverts assortis de Kay Bojesen.

Les nouveaux matériaux

D’autres créateurs de meubles qui veulent prendre pied sur le marché public explorent le potentiel du contreplaqué moulé. On signalera surtout Arne Jacobsen, dont le célèbre Modèle n°3107, qui appartient à sa Série 7 (1995), va devenir non seulement l’un des sièges les plus vendus au monde, mais aussi l’icône emblématique du design danois. Cette Série 7 et le siège Myren (Fourmi) qui l’a précédée sont en rupture complète avec l’approche évolutionniste du design. Ce sont donc les premiers exemples de meubles véritablement modernistes produits au Danemark. Par la suite (1967), Jacobsen dessine pour la maison Stelton Cylinda Line, une collection d’objets pour la table en inox, également moderniste et parfaitement inscrite dans la célèbre tradition danoise de fabrication d’objets usuels à la fois intemporels, élégants et fonctionnels.

Il faut attendre la fin des années 1950 pour que ces créateurs commencent à incorporer à leurs meubles les matériaux synthétiques récemment mis au point, comme la fibre de verre ou la mousse de latex. Les sièges révolutionnaires Svanen (Cygne) et Aegget (Œuf) d’Arne Jacobsen (1957), conçues pour l’Hôtel Royal SAS à Copenhague, marquent un renouvellement de la confiance danoise dans le domaine sculptural qui évoluera spectaculairement ensuite, dans les années 1960, avec Verner Panton et ses fantasmes psychédéliques paysagers aux formes audacieuses, aux couleurs vives et saturées. Bien que le travail de Panton révèle une approche typiquement scandinave du design pop, par son refus du concept du « vite employé, vite jeté », il vise, d’une façon très peu danoise, à la vulgarisation de formes révolutionnaires qui constituent un départ totalement nouveau.

Les années 80

La récession mondiale du début des années 1970 coïncide avec une baisse d’intérêt pour le design « made in Danemark ». En réaction, et dans un contexte économique difficile, des sociétés de pointe comme Bang & Olufsen, Georg Jensen ou encore Stelton réaffirment leur attachement à leurs critères d’excellence en matière de design et de fabrication, et donc à la production d’objets à la fois beaux et fonctionnels. Et c’est précisément cette qualité irréprochable qui va leur permettre de renforcer leur image de marque sur un marché de plus en plus concurrentiel. En 1977 est fondé le Centre du design, dont la vocation est de favoriser la diffusion de la production danoise. La même Niels Jorgen Haugesen (né en 1936) conçoit son siège Ligne-X, qui dénote l’influence croissante du style high-tech en Scandinavie.

La décennie suivante voit le retour d’une prospérité relative. De nombreux créateurs danois choisissent alors de se tourner vers le style post-moderne et d’en explorer l’immense liberté d’expression. C’est l’époque d’un certain nombre d’expérimentations extraordinaires, par exemple le Banc pour deux, en forme de papillon et d’inspiration japonaise, conçu par Nanna Ditzel (1989). Il n’en demeure pas moins que le post-modernisme ne s’est jamais réellement implanté aux Danemark, à telle enseigne que, dans les années 1990, des créateurs comme Niels Gammelgaard et Alfred Homann dessinent des meubles, des éclairages et des autres produits qui retrouvent le charme, l’esthétique et le caractère fonctionnel du design essentialiste.

Un design intemporel et universel

Le Danemark reste fidèle à cette longue tradition de « bon design » qui est l’un de ses plus grands atouts. Aucun autre pays (sauf peut-être l’Italie) n’a produit une telle quantité d’ « icônes du design », de l’omniprésente Myren (fourmi) d’Arne Jacobsen au révolutionnaire Beosystem 2500 (1990) de David Lewis (né en 1939), dessiné pour Bang & Olufsen. La clarté formelle et fonctionnelle, l’intégrité manufacturière qui différencient tant ces produits des autres, ont pour origine non seulement une coopération réussie entre les créateurs et l’industrie, mais aussi les idéaux intemporels du design danois : une simplification qui n’entame pas l’équilibre entre forme et fonction ; une déférence à l’égard des matériaux ; un profond respect pour la tâche à accomplir ; la conscience aiguë des rapports fondamentaux entre utilisateur, objets du quotidien et environnement.

Dans un XXIème siècle confronté à la diminution des ressources naturelles, aux problèmes d’environnement, à la transformation des sociétés et à une demande croissante de produits plus éthiques et mieux adaptés, le credo humaniste du design danois demeure plus essentiel que jamais.

 Extrait de « Design Scandinave » de Charlotte et Peter Fiell, ed Taschen.